Bon dia de Portugal
Bonsoir,
Comme promis un petit résumé des deux dernières semaines mais sans photos, je n'ai pas pu mettre la main sur le câble en quittant le campement de nuit.
Nous vous avions laissés un peu avant Séville. Séville que nous avons traversée en vitesse. L'entrée en ville fut pénible avec une forte circulation. La traversée assez moyenne avec un type qui nous a collé un bon moment. On ne savait pas de quelle manière il allait chercher à nous escroquer. La sortie fut très difficile. Trouver le seul pont vers l'ouest accessible aux vélos relève du parcours du combattant (pour info, c'est vers le parc des expo). Nous avons toutefois fait une rencontre sympa : deux frères hongrois partis il y a presque 2 ans pour un tour du monde à pied. Ils cherchent un soutien pour passer aux USA sans se faire refouler par les services d'immigration. Vous pouvez visiter leur site ici : http://worldwalk-peacetour.info
Nous avons posé la tente juste à la sortie de Séville et au matin, Antoine et Arthur se sont essayés avec succès au pilotage de tandem. Devant les progrès rapides tant en vitesse de passage qu'en technicité du terrain nous leur avons imposé une pause pour mettre les casques! Ensuite nous avons visé la mer plein sud avec un très beau passage dans la pinède du côté d'Aznalcazar. Nous avons donc touché la mer à Matalascañas, une station balnéaire moche mais avec des plages sublimes et des dunes couvertes de fleurs violettes.
La suite du parcours empruntait une piste cyclable en terre où Antoine et Arthur ont fait leurs premiers pas en tandem chargé. Bilan : 16 km avec le vent de face, des montées courtes mais raides, des cailloux, du sable. Bravo les champions. Arrivés à Mazagon nous avons mis un moment à comprendre. Tout d'un coup, la quasi intégralité de la population était d'origine africaine (de toute l'Afrique), il y avait la queue devant toutes les banques puis des gens qui marchaient ou faisaient du stop partout au bord des routes et enfin, les fameuses étendues de serres à perte de vue pour la culture des fraises. Comme beaucoup d'entre vous, on avait lu le mail relatant les méfaits écologiques, sociaux et sanitaires de ces pratiques. Maintenant on les a vues et ca fait un drôle d'effet. Sur le visage des personnes que nous croisions, on ne lisait plus la compassion ou l'admiration des passants habituels à notre passage mais une franche indifférence qui nous disaient : pour nous c'est encore plus dûr et ce n'est pas vraiment un choix...
Au milieu de ce dédale, nous avons réussi à nous installer dans un coin de pinède sous une ligne HT pour la nuit (énergétiquement c'est pas top c'est clair...). Le lendemain, changement de décor à la Rabida : un îlot de beauté dans ce Capharnaüm. Palos de la Frontera, paradis de la fraise andalouse, est aussi la ville du départ de l'expédition de Christophe Colomb et la visite du musée avec les répliques (qui ont navigué pour le cinq centenaire) des trois caravelles était vraiment super. Les enfants ne voulaient plus en partir. A côté, la Belle Poule c'est le XXIIIeme siècle! Avec, il faut le signaler, un vrai tarif famille. Super.
Quelques belles pistes cyclables plus loin, après être passés par Huelva (et son stade!), nous avons retrouvé la mer à la Punta Umbria. Nous y avons également fait la connaissance de la famille de Patrick, Patrick que je n'avais moi même pas revu depuis ma sortie de l'école, à Brest il y a 13 ans. Il n'est pas arrivé les mains vides puisque depuis, Antoine et moi passons des nuits merveilleuses sur de bons matelas. C'est également là que nous avons découvert que la patte de liaison vélo-remorque allait nous lâcher sous peu. Donc mollo pour la suite avant de trouver un ferronier (pas facile en pleine semaine sainte).
La dite patte a fini par lâcher le samedi matin juste devant le camping de Terron (à côté de Lepe). Deux nuits au camping obligatoires qui ont généré un repos salvateur et permis des temps de pause qu'on ne s'accorde pas autrement. Un peu de foot pour Antoine avec notamment un copain Adrian très sympa qui parlait quelques mots de francais et qui l'a vraiment pris en amitié. Un trop court moment puisqu'il est parti le dimanche midi fêter Pâques en famille. Ce camping avait quand même un inconvénient : un paon a chanté toute la nuit mais au matin, les enfants ont trouvé, tout autour de la tente ses oeufs! En chocolat... Le lundi matin, le tandem s'est vu doter d'une nouvelle patte en acier (contre de l'aluminium d'origine) fixée en 3 points (contre 1). Un jeune super sympa, qui parlait francais nous a fait ca en quelques minutes pour une somme modique et avec le sourire.
Nous sommes repartis gonflés à bloc pour nos derniers kilomètres andalous. Après la Isla Cristina, nous sommes tombés avec bonheur sur une via verde à laquelle je ne pensais plus qui nous a épargné un peu de nationale et fait passer au milieu des marais salants et près d'uin moulin à marée qui n'était pas sans rappeler la Bretagne (encore elle!). En dépit d'une végétation plutôt méditerranéenne, il est clair que l'Atlantique imprime ici sa patte plus fort que ne le fait le sud. En fin d'après midi, nous avons atteint Ayamonte, dernière ville espagnole, au bord du Rio Guadiana. Un dernier bivouac à deux pas de la ville (et encore sous une ligne HT!!!) avant de passer de l'autre côté.
Ce matin, c'est en compagnie d'une parisienne et de son neveu que nous avons pris le bac pour traverser le Rio Guadiana. Un petit quart d'heure de navigation, c'est peu mais nettement plus symbolique qu'un panneau voire un portique au bord d'une route.
Nous voici donc au Portugal. Vérification auprès d'un agent : le casque n'est pas obligatoire. On va pouvoir se permettre un peu de relâche... Second constat : si à l'écrit, le portugais ressemble à de l'espagnol, à l'oral on oublie tout! Au départ d'Albacete nous avion eu une tempête, ici ce sera une belle averse avec un bon vent de face. Courte galère sur la nationale avant de s'écarter pour aller voir un joli village ancien en bord de mer (j'ai oublié le nom mais c'est magnifique). En repartant nous découvrons que nous sommes sur une véloroute européenne (du même type que l'eurovélo 6 qui passe à Illfurth) qui conduit à Sagres (l'extrême sud ouest). On va s'en offrir une tranche de 195 km avec un balisage à montrer au conseillers généraux du Haut-Rhin pour les motiver un peu...
A cette heure j'imagine que tout le monde dort dans notre bivouac de rêve au bord de la ria (probablement le plus beau depuis le départ) et je ne vais pas tarder à reprendre le sentier côtier pour aller les imiter.
On vous embrasse. A très bientôt avec des photos...